L’histoire du château

Le site de Volognat occupe une position stratégique aux confins de routes antiques qui permettent de franchir les premiers replis du Jura. Sur cette frontière naturelle, la construction du château au Moyen-Age constitue un maillon supplémentaire dans la chaîne de fortifications qui délimite les zones d’influences des familles au service de la Bourgogne, de la Savoie et enfin de la France.

Lorsque Henri IV annexe la région, le château sort de la grande histoire pour devenir résidence et villégiature.

Volognat est à la croisée de deux routes immémoriales, l’une qui emprunte le col du Berthian en venant de Poncin, l’autre, débouche par le col de Ceigne dans la plaine de Volognat, toutes deux permettant de rejoindre, Besançon par Izernore, ou Genève par la cluse de Nantua. Pendant la période gauloise, Volumniacus (Volognat) est en pays Séquane dont la capitale était Vesontio (Besançon). Les habitants de la région ont pour voisins les Helvètes à l’est, les Allobroges au sud, les Eduens et les Ségusiaves à l’ouest. Ils vivent en bonne intelligence avec les Ambares qui commercent sur le Rhône, l’Ain et la Saône. Puis les Romains marquent le pays de leur empreinte comme en témoignent les vestiges du temple de la proche Izernore.

Au Moyen-Age, la région, qui correspond au Haut-Bugey, est le fief du seigneur de Thoire et Villars, qui autorise en 1250, le fils de son vassal le seigneur Hugonet de Mornay, à s’installer au « Mas de Volonia avec droit de pêche et de chasse ». En 1301, Humbert IV de Thoire institue Volognat en seigneurie  avec la permission d’y construire « une maison forte avec murs et tours ».

Le pays est alors déchiré par les guerres incessantes que se livrent les partis du comte de Savoie et du duc de Bourgogne d’une part, et du dauphin, du seigneur de Thoire et Villars et du comte de Genève de l’autre, dont les possessions isolent celles du Comte de Savoie situées en Bresse. La famille de Mornay semble néanmoins entretenir de bons rapports avec son voisin savoyard. Au milieu du XIVème siècle, le comte de Savoie obtient l’allégeance des Thoire et Villars pour « ses terres de montagnes », alors que le Dauphiné bascule dans l’escarcelle du royaume de France. 

En 1388 la maison de Mornay est sans descendance, le seigneur de Thoire institue Jean de Feillens-Vologna nouveau seigneur de Volognat. La maison des Thoire et Villars s’éteint en 1423 laissant ses possessions, non dénuées de revendications bourguignonnes, à la maison de Savoie, le conflit se dénouant par un mariage. En 1525, la famille du Saix accède à la seigneurie de Volognat et en 1547, c’est la famille de Moyria qui la reçoit par testament avec les armes des Feillens-Vologna.

Le Haut Bugey devient français par le traité de Lyon en 1601. A la fin du XVIIIème siècle, la famille de Moyria s’allie à une famille locale, les Douglas. Sous leur impulsion, le château est profondément transformé par l’adjonction d’une façade classique. Le blason des Douglas orne le fronton du château. Au cours de la révolution française le chevalier Marie Antoine de Moyria Seigneur de Volognat et Mespillat est incarcéré à Bourg-en-Bresse. Il meurt sans héritier.

Le château de Volognat est habité par Jean Baptiste Desborde du Chatelet, maire de Volognat avant que le baron Laguette de Mornay ne le reçoive de Napoléon avec ses titres et ses terres en compensation de la perte de son bras à Wagram. Il devient député et conseiller général de l’Ain.

A sa mort en 1845, le château revient à Madame de Fabrias, puis à Monsieur Charrin qui le vend en 1876 à la vicomtesse de Douglas, descendante d’une ancienne famille écossaise et installée depuis longtemps au château de Montréal en Bugey. Quatre ans plus tard, c’est Hubert Vaffier, industriel à Louhans et arrière-grand-oncle des propriétaires actuels qui rachète le château en y installant le confort moderne et l’électricité, produite par une usine utilisant la force des eaux de la rivière Berthiand. A sa mort, la propriété revient à sa fille Marguerite Martelin qui la transmet à son tour aux trois filles de son cousin, Eugène Vaffier, qui meurt en 1915 à Ammertzwiller en Alsace à la tête de ses troupes. Orphelines, les trois sœurs, Odette, Yvonne et Solange et leur tutrice, vont transformer le château en hôpital pour les blessés de la guerre.

Le  château a été peint d’après une carte postale par Utrillo, en visite chez sa mère, madame Valadon, à Saint-Bernard dans l’Ain, entre 1924-1930. Pendant la seconde guerre mondiale, il sert de repère à la résistance. Les allemands, sans doute informés, mènent une opération de représailles. Les habitants du château de la Prairie, situé en contrebas, arrivent à les convaincre qu’il n’y a qu’un seul et unique château à Volognat : le leur. Pressés, les Allemands repartent sans plus de vérification, le château de Volognat a encore su user de la discrétion qui lui a fait traverser les siècles…

En 1998, deux des trois filles d’Eugène Vaffier, Odette et Yvonne, lèguent le château à leurs enfants.

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